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 (wp #15) / nejma saleh

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Josie Kerns;

-- violent delights --
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Josie Kerns



lily-rose depp
av/depraysie - sign/awona (code & img)
cillian
380
2317
27
célibataire, en proie à une langueur qu'elle embarquera dans la tombe. elle vit d'aventures d'un soir, d'autant plus débridées qu'elle leur écarte si peu souvent les cuisses.
danseuse au new york city ballet, prête à écraser les autres jusqu'à décrocher l'étoile. à moins que ce ne soient ses propres secrets qui ne causent sa chute, alors que la nuit, c'est sur les scènes de strip-clubs qu'elle délie ses courbes.
contemporain le jour, effervescent la nuit, pour une double vie.
amos •• leandro •• cez •• nikita •• thelma

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Message Sujet: (wp #15) / nejma saleh   (wp #15) / nejma saleh Empty Mer 16 Fév - 18:57

Spoiler:


wp#15, ou la mise à mort de la biche sacrée.

tu te demandes si elle se voit en toi comme tu te vois en elle,
juvénile miroir d'une innocence égarée dans le coin d'une chambre sombre.


les mêmes flots d'ébène coulent sur vos épaules ; elle t'a offert ces lèvres tentatrices dont fantasment les clients. et l'encre azuréenne qui habite tes iris, c'est elle qui l'y a injectée, l'illuminant avec parcimonie de quelques paillettes d'or dérobé dans les piécettes jetées par ton géniteur après l'extase. ses pommettes sont saillantes là où ton visage conserve quelques rondeurs enfantines, les années salies de misère qui se lisent sur ses traits tirés épargnent encore les tiens, mais la regarder, c'est comme tenir un miroir. un effroyable saut dans le temps. tu vieilliras comme elle. une jumelle plutôt qu'une fille. autour, on confond vos prénoms - si t'en as jamais eu un à toi. tu te le demandes souvent. t'es associée à elle, inlassablement. vous ne faites qu'une. elle t'a offert la vie, le plus beau des cadeaux, dirait-on ;
ce faisant, elle t'a dépouillée de ton essence.
jumelles,
soeurs siamoises,
vous ne faites qu'une.

tous les enfants rêvent-ils d'arracher le coeur de leur mère dans leur désespérée ascension vers l'indépendance ? toutes les mères volent-elle l'individualité de leur progéniture pour nourrir l'espoir d'une jeunesse éternelle ? ou ces fardeaux sont-ils uniquement vôtres à porter, fruits d'une filiation malsaine ? cette malédiction aux relents de tragédie grecque, tu ne cesses de te demander si vous l'avez provoquée. si l'un de vos actes - et alors, lequel - vous a condamnées à ne plus pouvoir vivre l'une avec l'autre. docile face à ton sort, tu pourrais te contenter de tourner les talons. fermer la porte de la maison close et te jurer de n'en plus jamais voir l'embrasure. mais en fuyant, vous resteriez deux. deux à partager le même sang, le même nom, la même essence, suffocantes de vous arracher la moindre molécule d'oxygène. deux là où il ne peut y en avoir qu'une.

le ton blanchâtre de tes phalanges crispées autour du manche te suit dans le moindre de tes rêves. tu romantises l'inévitable matricide en t'imaginant héroïne victorienne armée d'une légère dague, ombre fugace et meurtrière. les couteaux de cuisine de la maison revêtent une vulgarité qui ne s'accorde pas avec le symbolisme de l'acte. spectre désincarné, tu flottes vers la chambre, lame dans le dos. vos regards s'affrontent, tu peux presque lire le sien.

je t'attendais,

comme on attend la faucheuse, la lourde chute d'une épée de damoclès lassée d'être suspendue, l'inéluctable (d)échéance de notre existence. ton sang bouillonne à l'idée du sien prêt à abreuver les planches boisées, sa force t'emplit déjà. vos coeurs battent à l'unisson lorsqu'ils s'accolent dans l'ultime enlacement. ne se désaccordent qu'au moment où le sien ralentit paresseusement,
percé par la lame matricidaire.

tes larmes s'échouent au creux de son épaule sur laquelle tu reposes tes paupières tremblantes. tu la tiens debout, le poids sur tes bras s'alourdissant au fil des secondes. je suis désolée, je t'aime. je suis désolée. l'ultime mensonge à heurter des tympans qui ne l'entendent peut-être plus. tu ne l'aimes pas, tu ne l'as jamais aimée, mais tu veux que ces mots l'accompagnent vers les champs d'asphodèle où charon la guide désormais. ces mots qui, murmurés entre des draps brûlants, martelés au rythme de langoureux coups de rein, auraient pu tout changer pour vous.
s'il l'avait aimée, tout aurait été différent.

mais il ne l'a pas aimée, alors son corps git lorsque la force de le soutenir te manque, son corps dont la chute te fascine. tes yeux y sont rivés, malgré le noeud que la scène forme dans tes entrailles - l'impression planante d'assister à tes propres funérailles, de voir que ce sont tes formes qu'épouse le velours du cercueil. la faucheuse se montrera tôt ou tard au pas de ta porte pour t'y jeter. t'en as déjà un petit goût sur le bout des lèvres. âcre, ranci. mais t'es vivante, nejma. soulagée de l'ombre penchée sur toi depuis ton premier cri. renforcée par cet échange avec la mort. qu'elle vienne, la faucheuse. au moins, elle ne portera pas ton visage. d'un coup de poignard, tu as éliminé pour de bon cette possibilité.

la rêverie meurtrière prend fin dans les taches d'écarlate qui rougissent tes mains. les méandres vermeils te happent et te recrachent dans une r é a l i t é où hasard et malchance sont les bourreaux. nulle dague entre tes doigts, ni soulagement pour apaiser ton coeur. t'aurait-elle remerciée de l'avoir soustraite aux approximations du hasard, si, service rendu ou preuve d'amour, tu l'avais tuée de tes mains ? te sentirais-tu enfin entière, libérée du douloureux poids de sa présence ?

y a-t-il un autre chemin vers la paix et le pardon
que d'imaginer son sang souillant tes paumes ?
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(wp #15) / nejma saleh
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