exsangue de toi (lion)

remonter le temps, jusqu’à ta trentaine déjà bien entamée. ton premier mari s’en est allé, laissant derrière toi, un chagrin très vite surmonté. la raison a un prénom. lion. le félin qui revient de mission, tu vas le retrouver.

l’obscurité, comme une chape de plomb, entoure ta silhouette. enrobe les courbes de ton corps alors que tu sors de ta voiture. ton regard se pose sur l’imposant immeuble. l’excitation te gagne, rictus qui étire tes lèvres impatientes. des jours, des lunes sans lui. tes escarpins foulent le bitume. tu as sorti le grand jeu, jean. bien que l’amertume ronge ton impatience. pourquoi ne t’a-il pas prévenu de son retour ? ton amant, fraîchement revenu du front, se taire dans son antre sans même te prévenir. tu passes les portes de l’hôtel, la clé de la chambre que tu fais jouer entre tes doigts fins. tu salues la réceptionniste d’un signe de la tête avant de t’enfoncer dans les longs couloirs, doucement. la précipitation est un sentiment qui t’est étranger, tu seras bien assez vite à ses côtés. tu songes à ce homme, il a été capable d’occulter partiellement la douleur d’un divorce déchirant. pour une fois dans ta vie, tu ne retourne pas la sensation dans tous les sens. tu te contentes de l’enlacer pleinement, sans te poser d’innombrables questions. les nombres défilent autour de toi, compte à rebours qui fait s’emballer ton coeur un peu plus à chaque pas. 394. la clé glisse dans la serrure, cliquetis qui t’ouvre l’accès à la chambre de celui qui ébranle tes pensées. tu passes la porte avant de la refermer derrière toi, tu finis par t’épancher contre le bois alors que ton regard balaie la pièce. la collision est divine, te fait mordre la lèvre presque imperceptiblement. le félin ne tient pas si loin de toi, semble arrêter un mouvement. un sourire en coin illumine ton visage. je te tiens. tu déglutis doucement avant d’évoluer pas à pas non loin de lui. tu fais tomber le manteau long qui couvrait tes épaules, bruissement qui ébranle le silence. « bonsoir, lion. » un frisson court le long de tes vertèbres. tu viens t’adosser contre une commode, tes fesses somptueusement couvertes d’une jupe crayon noir de jais. tu poses ton regard dans celui du soldat. « tu n’avais pas envie de me prévenir de ton retour ? » tu hausses légèrement les épaules, avant de soupirer discrètement. ta main vient libérer ta crinière ébène, la laisse tomber ses tes épaules. la lionne patiente, guette la réaction de sa proie. « tu sais, pourtant, que je suis pleine de ressources. » l’avocate acharnée que tu es, à présent. respectée et reconnue. tu m’as manqué. sentiment que tu laisses échapper mais que jamais tu seras amenée à avouer. « pourquoi tu ne m’as rien dis ? » pour savoir. pour savoir si une nouvelle dispute viendrait entacher les belles retrouvailles que tu lui prévois. tu effleures le tissu de ta jupe. tu sais ce qu’il se cache dessous. tu aimerais ne pas regretter le choix somptueux de lingerie que tu as fais. serre-moi contre toi, lion.